Du côté de chez Elizabeth Bennet

 Le temps d'un rayon de soleil, malgré la marotte fantaisiste et la fenêtre moderne en arrière-plan, on pourrait se croire dans un roman de Jane Austen. Et pourtant, ce chapeau, ou capote pour utiliser le terme historique, a été réalisé à partir d'une vulgaire paille made in China ! Je vous propose de dévoiler quelques étapes de cette transformation et le secret de ce saut dans le passé.

Voici l'aspect du chapeau de paille tel que je l'ai trouvé dans une boutique de vêtements d'occasion, pour une somme dérisoire :

Après avoir retiré l'horrible ruban noir, je me suis attaquée à la découpe du chapeau, et j'ai revêtu la passe d'une bande de mousseline de soie crème plissée et cousue à petits points. Pour la découpe je me suis inspirée des multiples tutoriels que l'on trouve sur internet (je n'ai pas noté les liens, mais en tapant dans un moteur de recherche "regency hat tutorial" ou "regency bonnet" il y a de quoi faire !).

Les finitions ont été longues et assez fastidieuses, car je tenais à obtenir un résultat net et beau même de l'intérieur. J'ai recouvert l'ouverture du dos avec un biais de coton, après avoir glissé un fil de laiton pour donner de la tenue et rapprocher les bords de la passe. 

Enfin l'étape la plus chouette (mais pas la plus simple ni la plus rapide !) a pu commencer, avec la garniture. J'avais chiné peu de temps auparavant un très beau ruban en organza de soie, qui m'a servi de base pour le décor. Pour consolider les pans à nouer, j'ai cousu sur le ruban d'organza un simple ruban de satin vert pâle. J'ai froncé une dentelle ancienne pour garnir le bord de la passe et faire une jolie finition.

Puis j'ai choisi quelques fleurs artificielles, toujours dans des teintes blanches, écrues et vert pâle. Le blanc était très à la mode au début du 19ème siècle, j'étais sûre de ne pas me tromper ! Un autre élément caractéristique de cette époque est le positionnement de la garniture, qui n'est pas sur le côté comme on aurait tendance à la placer aujourd'hui mais juste au milieu. Cela forme une sorte de bouquet un peu volumineux sur le haut du crâne, ce qui accentuait la silhouette toute en longueur des élégantes des années 1820.

En ce qui concerne la datation de ce type de capote, elle correspond bien au style des années 1820 mais peut aussi être portée avec un costume des années 1830-40, voire 1850. Grâce au fil métallique que j'ai inséré au dos du chapeau, la passe peut être portée plus ou moins écartée du visage, ce qui correspond à différentes modes et accompagne différents types de coiffure. Il s'agit donc d'un chapeau un peu polyvalent !

Voici pour finir une photo de détail. Et maintenant que j'ai bien testé la technique, je peux en faire plein d'autres : mon carnet de commandes est ouvert, alors n'hésitez pas !