Corset 1810

Voici les photos de l'un de ces projets mystères qui m'ont occupée dernièrement, au point de ne plus avoir le temps de rien publier ici. Il s'agit d'un corset des années 1810, et c'est une commande sur-mesures pour Éléonore.

J'ai tracé le patron en m'inspirant de tout ce qui me tombait sous la main pour l'époque, des gravures aux photos de corsets anciens en passant par les patrons en vente sur le net et par les réalisations de couturières historiques chevronnées.  Le résultat est assez personnel, et si j'ai essayé de me rapprocher le plus possible d'un corset du début du 19ème siècle, il y a certainement quelques imperfections techniques et imprécisions historiques...

La plupart des corsets de l'époque sont en coton doublés de lin, avec un busc (plaque glissée au devant du corset) en bois. Très peu sont baleinés, en revanches ils sont "cordés", c'est à dire que de la ficelle est glissée dans des tuyaux étroits formés par des coutures prenant les deux épaisseurs du corset. 

 Ci-dessous à droite, le corset qui m'a le plus inspirée, notamment pour le travail de cordage :

 photo tirée du livre "Fashion History", avec les collections du musée de Kyoto, aux éditions Taschen

Le modèle que j'ai réalisé est en coton, doublé de lin écru, avec des bandes de sergé de coton pour renforcer les extrémités du corset. Le busc est pour l'instant constitué de deux baleines en métal, en attendant de trouver un morceau de bois satisfaisant. Les œillets sont brodés à la main (en 1810, les œillets métalliques n'existaient pas encore).

Les œillets, c'était long, mais rien à côté du travail à la fois esthétique et structurel du devant du corset. Le cordage est décoratif mais il donne surtout de la tenue au tissu et apporte un soutien tout en laissant de la souplesse au corset. Les broderies, c'est juste pour le plaisir...

Détails de l'endroit et de l'envers (la bande de sergé blanc consolide le "tuyau" du busc)

Et voici le résultat porté (la chemise a également été réalisée par mes soins, avec des finitions soignées, la plupart à la main, et un très beau coton fin et doux) :

L'effet "divorce" (c'est à dire la séparation des seins, terme et concept historique!) n'est pas flagrant, ça sera mieux avec un busc en bois.

 Merci Éléonore pour les photos et pour avoir accepté de jouer les mannequins !

Je finis avec une photo de l'envers, parce que faire un envers de corset (corset lui-même caché sous une robe...) aussi joli, je trouve que c'est le summum du chic. Je manque un peu de modestie sur ce coup là, mais je dois dire que c'est un des projets dont je suis le plus fière aujourd'hui !